La gafieira
Cassia Soares
Note de programme - Cité de La Musique
 
 

La salle des concerts de la Cite de la musique accueilie, pour la premiere fois à Paris, un «Baile de Gafieira» grandeur nature. Deux soirées concoctées pour faire connaitre aux amateurs de danse et de musique ce mouvement culturel propre à la vie bohémienne de Rio de Janeiro. L’invité d'honneur en est le grand maestro Paulo Moura, 70 ans, considéré comine l'un des plus brillants instrumentistes de la scene musicale brésilienne et surnommé «la clarinette d'or».

Pour mettre en place un bal à la hauteur de ceux qui sont donnés à Rio, le plateau artistique est enrichi de la belle voix de la chanteuse brésilienne installée à Paris Cristina Violle, d'un célebre couple de danseurs de gafieira venus spécialement de Rio, Paula Cristina Souza et Joao Carlos Ramos, qui accompagnent Paulo Moura dans ses tournées internationales, ainsi que d'une troupe de danseurs brésiliens installés à Paris et menés par les chorégraphies de Marcia Parente et Chico Terto.

Un endroit, une danse, un rythme, une musique... Ia gafieira, devenue três démocratique, embrasse presque toutes ces définitions. Musicalement, die prend sa source dans les big bands américains, la « french dance », le tango argentin, des rythmes afro-cubains et, bien súr, elle se nourrit tout particulièrement de la samba de gafieira et du choro de gafieira, rythmes brésiliens par excellence.

La formation classique était composée de la guitare, du cavaquinho, de la flauta et du pandeiro, auxquels se sont ajoutés plus tard des instruments comme Ie trombone, la trompette, la clarinette, la basse ou le piano.

Les premieres traces de la gafieira remontent aux dancings du début des années vingt. Ces lieux étaient frequentés exclusivement par des hommes, provenant des couches sociales et inteliectueiles les plus diverses. À cette époque, l'accès aux femmes était interdit, à l'exception des danseuses professionnelles. Julio Simoes, l'homme qui avait mis en place les dancings, decida d'ouvrir des lieux plus familiaux, ou tout le monde se mélangerait pour danser. Le premier lieu culte de la gafieira, Elite, ouvre ainsi au centre de Rio de Janeiro en 1930. En 1932, c'est au tour de la Estudantina, un lieu encore actif aujourd'hui.

La gafieira a connu son ãge d'or dans les années cinquante avec des noms sacrés comme Isaura Garcia, Dolores Duran, Angela Maria, Raul de Barros, Severino Arauju (le maestro du plus ancien et important orchestre de gafieira de Rio) ou Jamelao, entre autres. C'est d'ailleurs en 1952 que l'Orchestre Tabajara et Jamelao, son chanteur, se produisent aux alentours de Paris, rencontrant un franc succès.

La gafieira a également connu ses moments de déchéance, dans les années soixante et soixante-dix. Son retour en force a lieu au debut des années quatre-vingt. Elle revient à la mode, dans les salons de l'Elite et de la Estudantina ou sur des scenes plus modernes comme Ie Circo Voador, lieu culte du centre de Rio, ou encore la scene exotique du Parque Lage, en pleine zone sud, ou la jeunesse branchée se mélange à un public populaire.